Palais des Nations, Geneva
Je parle au nom de Franciscans International. Dominicains pour Justice et Paix s’associe à cette intervention.
Depuis deux ans, les pères franciscains de l’Eglise Saint Antoine de Padoue de Lomé (Togo) et les religieuses missionnaires de l’Immaculée Conception, en lien avec Franciscans International, ont lancé un projet axé sur la création et la consolidation d’un Centre d’Accueil en faveur de nombreuses filles domestiques et femmes portefaix de la région. Le centre dispose de 4 unités: l’unité d’accueil et d’écoute, l’unité des soins de santé primaire, l’unité de coupe et couture et l’unité d’alphabétisation et il prend en charge en moyenne une quarantaine de femmes et de filles chaque jour.
L’effectif des femmes portefaix et des filles domestiques exerçant des activités proche du travail forcé augmente considérablement dans mon pays de même que les abus corporels et sexuels subis par nombre de fillettes. En particulier, le travail des filles domestiques n’est pas souvent rémunéré à sa juste valeur. Dans le cas du placement, elles travaillent moyennant un apprentissage d’un métier qui pratiquement n’aboutit jamais et repartent quelques mois ou quelques années plus tard avec un avenir sapé. Dans d’autre cas, les filles reçoivent un salaire qui varie entre 4 et 10 dollars par mois suivant le pouvoir d’achat de la famille. Le salaire est, toutefois, perçu, soit par la personne qui les a placées, pendant les premiers mois, soit par la famille directe pour la prise en charge et l’éducation des autres enfants. Ainsi, chaque fille n’est qu’une main d’œuvre au service de toute une famille. Elles sont des milliers à être exploitées, victimes de toutes formes d’abus (violences physiques, mauvais traitements, violences sexuelles, …..)
Face à cette situation le gouvernement togolais, en partenariat avec les ONG, les organismes internationaux, les organisations confessionnelles, a entrepris des mesures pour protéger les droits fondamentaux des enfants surtout ceux en situation de vulnérabilité en élaborant un projet du code togolais de l’enfant. Il a été récemment adopté au Conseil des ministres. Ce projet a le mérite et l’avantage d’intégrer et d’harmoniser toutes les conventions internationales que l’Etat a ratifiées aux lois internes (il est l’un des pays de la sous région à relever ce défi).
FI/OP salue cette volonté politique et les efforts de protection et de promotion des droits fondamentaux des enfants et encourage le gouvernement togolais:
* Au niveau juridique :
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à l’adoption et l’application rigoureuse du projet du code togolais de l’enfant prévoyant non seulement des dispositions de protection et de promotion des enfants, mais aussi des mesures de répression contre les auteurs de ces formes d’abus.
* Au niveau politique :
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à l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique de protection sociale des enfants surtout ceux vivant dans une situation d’exclusion;
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à une concertation et une synergie d’action plus efficaces avec des ONG qui travaillent dans ces domaines;
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à la création d’un mécanisme d’observation des formes d’abus contre les femmes portefaix et les filles domestiques au niveau central, régional, préfectoral et communautaire.
* Au niveau du terrain :
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à la formation des différents intervenants de l’Etat à une meilleure utilisation des instruments juridiques en vue d’une application effective et efficace de ces dispositions;
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à une meilleure sensibilisation de la société civile en vue de protéger les droits des femmes portefaix et des filles domestiques et de dénoncer toutes les formes d’abus (à travers des moyens de communication accessibles et appropriés );
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à la diffusion et l’explication des textes juridiques pour une meilleure accessibilité à la société civile;
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à la promotion de mesures de protection sociale en faveur des enfants et, surtout pour celles et ceux vivant dans des milieux défavorisés;
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au renforcement des capacités des communautés dans une perspective de lutte contre la pauvreté.
Merci,
Monsieur le Président.